• Ca fait un bout de temps maintenant que je n'ai plus fait de mise à jour ici. Pourtant, les deux dernières fois que j'ai posté un éditorial, j'étais motivée à le reprendre en main ! Mais non, ça n'a pas pu le faire. Je n'ai plus le temps d'écrire, ni la motivation. Ma vie professionnelle est en cause directe, évidement. Et vu qu'elle devrait changer d'ici quelques mois, je ne dis pas que je ne reprendrais jamais ce blog. Mais ça me semble improbable, j'ai l'impression d'avoir oublié comment écrire...

    Enfin bref. Donc ce message signe malheureusement l'arrêt officiel de ce blog, il n'y aura plus de mises à jours. Mais je suis toujours régulièrement connectée sur internet et je reçois des alertes mail lorsqu'un commentaire est posté alors je continuerai d'y répondre.

    Albino House reste en ligne pour les lecteurs intéressés mais n'attendez pas la suite des histoires innachevées... Au pire, si vous voulez vraiment savoir, je pourrais essayer de vous répondre en quelques lignes lol.

     

    Bonne lecture ! *tire sa révérence et s'en va*


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  •  Et oui mesdames et messieurs, rien n'est impossible !

    J'ai honte de constater que ma dernière mise à jour sur ce blog date de décembre 2009 et qu'en plus, c'était un message attestant de ma survie u_u. Comme quoi voyez vous, il ne faut jamais perdre espoir !

    L'explication à ma loooongue absence est toute bête: mon avenir. A l'époque où j'ai créé ce blog, je ne faisais rien de ma vie... Puis j'ai trouvé un petit contrat sympatoche d'un an et dans la foulée, ayant ENFIN trouvé mon chemin dans le monde (dixit Salman Rushdie), j'ai enquillé avec un contrat d'apprentissage. Votre serviteur va devenir peintre en bâtiment et ça la botte carrément ! Pour le moment tout se passe comme sur des roulettes et mon moral est au beau fixe.

    Par conséquent, je ne promet absolument pas que ce blog va reprendre vie avec une maj par semaine (même si ça serait cool hein ?) Mais une par mois, ça ne semble pas être hors de ma portée.

    Et si après une si longue absence je me montre soudain si loquace, c'est parce que d'après les stats de Kazeo, il n'y a jamais eu autant de visiteurs sur Albino-House que depuis que je l'ai "oublié"... Bug ? Ou alors je vous fait peur ? En tout cas, j'espère que les affaires vont reprendre et n'hésitez pas à me laisser un petit mot (de bienvenue, d'encouragement, un simple coucou ou alors une menace de mort) ça me fera sacrément plaisir de voir que ces jolies stats n'étaient pas qu'un virus informatique T-T.

    Sur ce je vous salue et vous souhaite une bonne dernière ligne droite avant décembre 2012.

    Rätsel (Ou Tisae)


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  • Bonjour tout le monde !

     

    Juste un petit mot rapide pour vous dire que même si je ne fais plus de mises à jours, je ne suis pas morte ! En fait je n'ai simplement plus le temps de m'occuper de mon blog, ni d'écrire d'ailleurs. Ni de faire grand chose...

    Enfin bref, dès que possible je vous fais une jolie mise à jour avec une paire de travaux manuels. Malheureusement, c'est l'écriture qui est au point mort...

     

    Bonne journée et bonnes fêtes ^^


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  • Et oui, enfin une news 1/ à l'heure 2/ qui vaut le coup !

    Alors les nouveautés de cette semaine : deux nouvelles réalisations à découvrir dans les Loisirs Créatifs. Le Carnaval des animaux continue et je ne vais sans doute pas m'arrêter en si bon chemin.

    Et ensuite dans la section Fictions Originales, deux nouveaux textes. La Femme-Grenouille date déjà un peu et je ne sais pas pourquoi je ne l'ai pas publiée ici plus tôt... Enfin, maintenant c'est fait.

    Pour finir : la première partie de Légendes d'Islande. Cette fic comptera sans doute deux fois deux chapitres (et non, pas quatre lol)

    Par contre, je n'écris déjà pas beaucoup, je ne sais vraiment pas quand je vais pouvoir mettre la suite. Elle se trouve dans ma tête donc à ce niveau pas de soucis mais je commence à travailler la semaine prochaine donc... On verra bien ^^

    Sur ce je vous souhaite une bonne semaine et une bonne lecture.

    Rätsel.


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  • Légendes d'Islande
    (1.1)

    Je me souviens encore très bien de cette époque. Le monde a beaucoup changé depuis, je suis revenu au Danemark depuis bien longtemps. Aujourd'hui je suis retraité à Copenhague. Je suis le propriétaire de ma petite maison et d'un appartement en ville que je loue à un étudiant étranger. Ma femme est morte il y a deux ans, laissant un vide que je n'ai pas encore eu le cœur de combler d'aucune manière. A vrai dire, ce vide est si présent qu'il me semble parfois que c'est elle qui se tient près de moi.

    En 1940, l'Allemagne nazie envahissait le Danemark, bafouant sa neutralité, et mes parents faisaient le même choix que beaucoup d'autres familles du pays : ils m'envoyèrent en Islande pour me tenir éloigné du conflit. C'est par bateaux entiers que la jeunesse quitta la patrie pour les terres glacées de l'île volcanique. Dans ce temps là, l'Islande était un territoire danois depuis plus de six siècles si bien que la plupart y avaient de la famille. D'autres, notamment les plus fortunés – et dont mes parents faisaient partie – envoyèrent leur progéniture dans l'Islenkur Skóli, une ancienne école rénovée pour accueillir les réfugiés du continent.

    Skóli, comme nous l'appelions, se situait à une trentaine de kilomètres d'Egilsstadir, à l'Est de l'île, et une partie de son terrain était mangé par la dernière forêt d'Islande. A l'exception du bâtiment administratif, l'école était récente et fort bien aménagée. Les chambres étaient confortables et même si les traditions adolescentes se faisaient d'autant plus sentir que les nouvelles de chez nous étaient inquiétantes, nous y passâmes du bon temps. C'était un établissement initialement réservé aux garçons mais pour l'occasion, les filles y étaient également admises. Des professeurs autochtones nous faisaient la classe et les jours s'écoulaient paisiblement avec leur lot tout naturel de préoccupations, loin de la folie allemande et des horreurs de la guerre.

    L'école avait été agrandie et rénovée spécialement pour nous accueillir mais datait en réalité du début du Dix-neuvième siècle et depuis toujours, de nombreuses légendes courraient sur son compte. Celle qui revenait le plus souvent lors des veillées clandestines où nous jouions à nous faire peur – et surtout à épater les filles – était celle du démon des sous-sols et c'était de loin la plus intrigante. Mêlant habilement les éléments historiques que tous pouvaient vérifier dans la bibliothèque et de soi-disant explications paranormales, elle décrivait l'incendie ayant ravagé le bâtiment administratif en 1832.

    A l'époque,  Islenskur Skóli était encore un établissement flambant neuf. Elle n'accueillait que l'élite de l'élite des élèves islandais et leur enseignait tout ce qu'ils devaient savoir pour accéder à des carrières de diplomates, d'ambassadeurs, de politiciens. Elle n'abritait donc que très peu de résidents et ne comptait alors qu'un unique bâtiment : l'actuel bâtiment administratif. Au rez-de-chaussée : l'administration. Aux premier et deuxième étages : les salles de cours et d'étude et enfin, sous les toits, les chambres. A l'époque, on racontait déjà des légendes mais elles étaient bien différentes. Par exemple, l'école avait été construite sur un ancien site druidique parcouru de flux magiques et inspirant des rêves troublants. Ou encore, variation sur le thème, le terrain était creusé de galeries labyrinthiques, anciens cachots datant de l'âge d'or de la civilisation celte.

    Dans la bibliothèque, j'ai vérifié certains éléments de la légende du démon des sous-sols. Cette année là, en 1832, un gigantesque incendie ravagea le bâtiment. Islenskur Skóli étant isolée de tout, les secours ne sont parvenus sur les lieux que beaucoup trop tard, alerté par l'épaisse cheminée de fumée noire qui s'en élevait. On ne découvrit pas la cause de l'incendie et les archives ne rapportent pas ce qu'ils firent des corps des défunts mais il n'est pas non plus fait mention du moindre survivant. De fait, la légende prétend éclairer ces quelques zones d'ombres.

    Selon elle, un petit groupe d'étudiants avait mit la main sur un ancien grimoire druidique. L'histoire ne dit pas comment ils le trouvèrent ni comment ils le déchiffrèrent mais un soir, ils auraient tenté un rituel interdit. Ils auraient invoqué un démon dans le but de lui faire exaucer un de leurs vœux. Malheureusement l'entité était trop puissante pour ces novices imprudents et se libéra de la maigre entrave censée assurer la sécurité de notre monde. Fou de rage d'avoir été dupé par des ignorants, le démon aurait massacré tous les résidents, semant une terreur sans nom dont le bâtiment administratif semblait parfois encore se souvenir. L'incendie aurait été déclanché par cette fureur surnaturelle, ne laissant pas la moindre chance de survie à ceux qui avaient par miracle échappé au démon.

    La légende se terminait ainsi : "Les anciens dieux celtes envoyèrent alors sur Terre un héro qui scella le démon dans les sous-sols. Le héro offrit une sépulture aux défunts puis resta sur les lieux, chargé de la responsabilité de veiller sur la prison du démon afin que jamais il ne puisse en sortir."

    J'avais toujours été friand d'histoires dans ce genre et tous les prétextes étaient bons pour vérifier tel ou tel point, au risque de se faire peur. Explorer le bâtiment administratif de nuit en tremblant dans les courants d'air anormaux, rôder dans le parc à  la recherche des trappes menant aux sous-sols, guetter l'ombre du héro censé être toujours présent pour notre sécurité... Bien sûr il s'agissait toujours, comme les veillés où nous racontions des histoires à dormir debout, de rendre un peu plus palpitante la vie à l'école et de tromper l'inquiétude qui allait grandissante concernant nos familles restées au pays. Cependant, le jour où nous avons trouvé le Tertre, je fus certainement le seul à savoir de quoi il s'agissait réellement.

    Le terrain de l'école était bien plus étendu qu'il n'en avait l'air et il suffisait d'en avoir l'audace pour quitter les allées soignées du jardin et rencontrer une autre végétation plus sauvage. La forêt d'Islande n'est pas très touffue mais le contraste était saisissant. Ce jour là, nous étions un petit groupe à avoir eu l'idée de faire le tour du domaine en suivant le mur d'enceinte. Partant de l'entrée, nous décrivîmes donc un large cercle nous plongeant dans ce monde que nous ne connaissions pas des terres vierges – ou qui semblaient l'être et ne l'étaient à l'évidence pas – d'une île au passé légendaire. Le mur de pierres brutes qui était large et haut dans ses parties visibles devenait un simple muret croulant sous le poids des années dans les sections les plus cachées. De larges pans en étaient parfois écroulés et nous devions alors prendre garde à ne pas glisser sur les rochers couverts de mousse. Nous ne savions plus exactement où nous nous trouvions, l'école étant hors de vue, et nous avions la délicieuse sensation d'être des aventuriers. Nourris de littérature, nous étions persuadés que nous allions découvrir quelque chose de merveilleux qui deviendrait notre secret, liant les membres de notre petit groupe et faisant de nous des êtres à part. C'est effectivement à peu de choses près ce qui se produisit.

    Depuis une heure, nous avancions en silence. Le décor ne se démarquait pas particulièrement mais l'atmosphère devenait sensiblement troublante. Il faisait froid, comme souvent dans les derniers jours d'octobre et particulièrement si près du cercle polaire mais l'air était terriblement lourd. Bientôt, nous nous rendîmes compte que le vent soufflait anormalement entre les troncs : par à coups et dans diverses directions, semblant parfois croiser son propre chemin. Les plus fragiles d'entre nous, les deux filles du groupe et le plus jeune des garçons, commencèrent à craindre de poursuivre notre "ballade" et nous invitèrent à rebrousser chemin. Evidement, les plus téméraires refusèrent pour le simple plaisir de les impressionner et, je dois l'avouer, je faisais partie de ces derniers.

    Le Tertre ne se trouvait pas beaucoup plus loin, nous le trouvâmes rapidement. Nous pensâmes d'abord qu'il ne s'agissait que d'une aspérité du terrain et, puisqu'il se trouvait sur notre chemin, nous entreprîmes sans même y penser de le gravir. Cette tâche se révéla impossible.

    Une fille cria que l'on venait de lui tirer les cheveux et l'autre que quelque chose retenait sa jupe. Evidement il n'y avait rien. Riant d'abord, nous dûmes pourtant rapidement nous rendre à l'évidence : quelque chose tenait nos chevilles, nous faisant perdre l'équilibre alors que nous tentions d'avancer. Le vent nous bousculait, du moins telle était l'impression que cela donnait mais ce fut quand de véritables éclats de voix venus d'outre-tombe s'élevèrent que nous prîmes tous nos jambes à nos cou. En me retournant dans l'espoir de voir quelque chose qui expliquerait notre mésaventure, je remarquai alors ce qui nous avait échappé jusque là, je ne sais d'ailleurs par quel miracle : une croix. Une grande croix celtique sculptée dans un tronc d'arbre était fichée au sommet de la butte, comme un gardien.

    De retour dans le dortoir, il ne fallu pas longtemps pour que ce qui nous avait effrayé ne devienne plus que de simples coups de vent et leurs échos sifflants entre les arbres. Quand nous racontâmes notre aventure à ceux restés au chaud, nous finîmes par quelques éclats de rires et la certitude d'avoir été dupés par notre propre imagination. Du moins était-ce ce qu'il semblait car pour ma part, j'étais persuadé de n'avoir rien inventé.

    Par un accord tacite, nous convînmes de ne plus parler de cet évènement et de le classer dans la catégorie "farces". Malheureusement, mon esprit s'y refusait.

    Il me fallu plusieurs jours pour oser y retourner. Ne sachant plus exactement où se trouvait le Tertre, je décidai de reprendre le chemin que nous avions parcouru depuis le portail de l'entrée. J'étais seul et il était tard, je n'avais parlé de mon entreprise à personne, tant pour ne pas être raillé que parce que j'étais visiblement le seul que cela intriguait. Il faisait véritablement un froid d'enfer mais le vent ne soufflait pas si bien que quand je fus glacé par de sournois courants d'air, je sus que j'approchais de l'endroit. Cette fois, je ne tentai pas de le gravir, restant sagement à son pied mais la tentation était forte de m'approcher de la grande croix de bois massif pour l'étudier de plus près.

    Comme s'ils avaient compris ma résolution, les courants d'air se calmèrent peu à peu. Certains restaient à proximité, je pouvais les sentir m'observer. L'un s'approcha sournoisement derrière moi et me glissa quelques mots dans l'oreille de sa voix désincarnée.

    Ici je repose.

    Ici nous reposons tous, reprirent les autres.

    Une horrible sueur froide me coula alors dans le dos. Non par ce que j'entendais mais parce que je ne pouvais pas  je me rendis également compte que des courants d'air n'observaient pas, qu'il ne s'agissait que de mouvements moléculaires et pas de créatures pensantes. La panique s'emparait doucement de moi à mesure que je comprenais, à mesure que je prenais conscience de l'étrangeté de ma situation et pourtant, je ne fuis pas. Au contraire, je serrai les points et fronçai les sourcils, bravant ma peur et les évidences pour tenter l'ascension du Tertre. l'entendre. J'étais seul dans cette forêt, face à cette croix, et je pensais encore que les morts quittaient à jamais la Terre. Au même instant

    Leur violence fut telle que je crus succomber. Ils m'attrapèrent bras et jambes, tirant en tous sens pour m'éloigner de leur sépulture. Car c'était cela qu'était cette butte : une tombe, un charnier. L'un tira si fort sur mes cheveux que je ressentis une vive douleur dans la nuque. Je me débattais dans le vide, criant sans doute. J'eu véritablement ce soir là la peur de ma vie et je ne dois sans doute ma survie qu'à l'intervention du gardien de l'école.

    Dans ma panique, je ne l'avais ni vu ni entendu approcher. Il se tint soudain devant moi, à côté de la croix celtique et s'exprima d'une voix forte dans une langue que je reconnu plus tard comme de l'islandais. Il accompagna ses paroles de quelques vifs mouvements de bras, comme s'il chassait quelque chose, et je retombai lourdement au sol, totalement hébété. Je n'avais même pas eu conscience d'être élevé dans les airs par les esprits des défunts qui voulaient m'empêcher de piétiner leurs restes. Quand le calme fut revenu, il me fixa d'un air sévère et s'avança vivement vers moi. Puis je dû perdre connaissance.

    *
    *   *

    Hallbjörn Kristjánson était sans doute la personne la plus énigmatique de l'école et sur son compte courraient les rumeurs les plus abracadabrantesques. Il était le gardien des lieux et on pouvait souvent le croiser en route pour effectuer une quelconque réparation dans une salle de classe ou des travaux de jardinage. Il faisait également office de surveillant des dortoirs et devait avoir bien des responsabilités que nous ignorions car il était régulièrement présent dans le bureau du directeur. Une des rumeurs les plus scabreuses sur son compte concernait justement leur prétendue relation contre nature. Personnellement je n'y portai jamais crédit mais de fait, les garçons évitaient de se retrouver seuls en sa présence.

    Sans ambiguïté, Kristjánson était bel homme. Brun, les yeux clairs et le visage naturellement souriant, si les garçons l'évitaient il avait au contraire beaucoup de succès auprès de la gent féminine. Il se montrait toujours jovial, parfois taquin mais sans jamais aucune méchanceté. L'évitant moi aussi un peu par mimétisme, j'avais pourtant dans l'idée qu'il devait être d'agréable compagnie.

    Ce soir là, le soir où les défunts avaient essayé de m'inviter à les rejoindre, je repris mes esprits dans son salon. Je savais qu'il logeait dans une petite maison isolée dans un coin du parc de l'école mais je ne m'en étais jamais approché par manque d'intérêt. Le style en était fort dépassé, on eu dit que l'on se trouvait dans une autre époque et pourtant, l'atmosphère était rassurante. Ce devait être en partie dû au magnifique feu vrombissant dans la cheminée. Alors que je rassemblais mes souvenirs, il s'assit près de moi en me tendant une tasse de vin chaud épicé. Je l'acceptai sans discuter et y trempai mes lèvres avec soulagement. Malgré la quantité de questions que j'avais au bord des lèvres, ce fut lui qui prit la parole le premier.

    "Boris... Puis-je savoir ce que tu faisais dans un endroit pareil en pleine nuit ?"

    Il connaissait mon prénom alors que nous ne nous étions jamais adressé la parole avant l'évènement. Le gardien parlait posément mais je pouvais sentir le même reproche dans sa voix que celui que m'avaient adressé ses yeux dans la dernière vision que j'avais de lui avant mon évanouissement. De toute évidence, il était inutile de lui mentir. Je lui racontais donc, commençant par notre précédente escapade et son issue troublante. Curieux, j'avais voulu y retourner pour en avoir le cœur net : il se passait des choses surnaturelles dans ce coin.

    Après mon récit, il demeura silencieux un long moment. L'air profondément contrarié, il ajouta une bûchette dans le feu et sembla s'affairer tandis que je buvais mon grog. Je suppose qu'il se demandait ce qui était le mieux : me laisser partir en me faisant promettre de ne plus poser un pied près du Tertre ou bien m'expliquer, me dire la vérité concernant cet endroit. J'étais jeune alors et les adolescents sont presque toujours stupides. Je pense – et il devait penser la même chose – que s'il avait opté pour la première solution, je n'aurais pas su me monter obéissant. Aussi effrayante avait-elle été, mon expérience nocturne avait encore attisé ma curiosité. Finalement il revint vers moi et, me dominant de toute sa hauteur alors que j'étais encore assis, il parla.

    "Je pense qu'il est inutile de te dire qu'il ne s'est rien passé. Cependant, tu as été le témoin d'un des nombreux secrets de cette école. Un secret n'est pas fait pour être révélé. Je te demande donc, à vrai dire je t'impose, de ne parler de ce qui s'est passé ce soir à personne. En échange, parce que je sais que tu aura sans doute du mal à tenir ta langue sans contrepartie, je consens à te raconter la vérité."

    Il fit une pause. A son discours en danois s'étaient mêlé quelques expressions vieillottes qui rendaient son élocution étrange. Il n'avait pas l'air d'avoir plus de vingt-cinq ans et même s'il était selon toute vraisemblance natif de l'île, il était véritablement surprenant de l'entendre employer ces termes.

    Comme je ne répondais pas, il ajouta.

    "Je te propose de te dire la vérité sur les légendes de cette école. Tu sauras tout mais en échange, tu ne devras parler de rien. Est-ce que tu accepte ?"

    Qui aurai refusé une telle proposition ? Pas moi en tout cas.

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